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A la chasse au trésor de la mariée
- Le 16/01/2009
A Louxor, des Occidentales d'âge mûr trouvent leur bonheur avec de jeunes Egyptiens A la chasse au trésor de la mariée A Louxor, des Occidentales d'âge mûr trouvent leur bonheur avec de jeunes Egyptiens, et inversement. Ces unions atypiques, de plus en plus nombreuses, font aussi vivre des familles entières. Par Claude GUIBAL Libération lundi 14 juin 2004 Gourna, Jazira envoyée spéciale Le taxi bleu et blanc cahote sur les chemins poussiéreux de la campagne thébaine. A quelques pas de là, le Nil coule, énorme et tranquille. A l'est, sur l'autre rive, Louxor semble vibrer à travers les ondes de chaleur. Un canal court à travers les champs de gombos et de canne à sucre. Le long de la rive, s'égrènent des maisons en briques crues, humbles avec leurs auvents de palmes et leurs ânes faméliques. Coup de frein. Une grande bâtisse à colonnades colorées se dresse, incongrue, au milieu des masures. Devant, une voiture flambant neuve. «Celui qui vit là a 25 ans. Il y a deux ans encore, il courait derrière les touristes dans la vallée des Rois, pour leur proposer des tours à dos d'âne. Et maintenant, il a une Mercedes. Il s'est trouvé une vieille Européenne.» Le chauffeur secoue la tête. «On dirait une momie, sa femme. Elle a 70 ans. Mais elle a de l'argent. Alors il profite. Et il n'est pas le seul.» Et de tendre le doigt. Derrière les palmiers, là-bas. Au bord de la route ici. Encore des maisons neuves, de belles voitures. Sur la rive ouest, à Jazira tout au bord du fleuve, ou à Gourna, gros bourg niché au pied de la montagne près des nécropoles pharaoniques, des maisons, des hôtels, des petits commerces, des cafétérias. Souvent, derrière, une Anglaise, une Allemande, une Hollandaise, mariée à un Egyptien, vingt ou trente ans plus jeune qu'elle. En l'absence de statistiques, à en croire les habitants de la région, elles seraient ainsi près de 400. «Passé la cinquantaine, une femme n'est plus considérée comme désirable en Europe. Ici, elle arrive avec ses rides et ses kilos en trop et des jeunes types superbes lui sourient, la courtisent. Ce n'est pas désagréable ! Mais il ne faut pas se leurrer. Ce n'est pas la femme qui intéresse, c'est son portefeuille», déplore Bernadette. A bientôt 60 ans, cette Française au teint doré vit la moitié de l'année au soleil de Louxor. Elle ne les compte plus, ces étrangères d'âge mur qui, aveuglées par des déclarations d'amour, reversent leur pension et vendent leurs derniers biens pour un jeune Egyptien aux yeux doux. «On a beau les mettre en garde, rien à faire, regrette-t-elle. Elles sont persuadées de vivre quelque chose de différent, d'exceptionnel.» «Je suis heureuse, cela rend les gens jaloux. D'autres se font peut-être avoir, mais pas moi. Qu'on me fiche la paix», réplique une Britannique, agacée d'être interpellée sur la différence d'âge entre elle et son compagnon. Allongées au bord de la piscine d'un grand hôtel, Mary et Vicky n'en reviennent pas. En quittant Manchester la semaine précédente pour une croisière sur le Nil à prix bradé, elles n'auraient pas osé rêver un tel conte de fées : à peine débarquées à Louxor, elles ont rencontré, au hasard d'une promenade sur la corniche, cet athlétique jeune homme au sourire timide. «Ce soir, nous allons boire un verre avec un de ses amis. Et, c'est décidé, nous allons revenir dans trois mois, pour passer davantage de temps ici.» Emues par la gentillesse des Egyptiens, Mary et Vicky culpabilisent. «Les gens sont si pauvres ici, ça fait relativiser.» Dans leur ville de brume, si loin des palmiers et du soleil de Louxor, les deux divorcées, aux cheveux peroxydés et aux bras couverts de tatouages, vivent d'allocations sociales. Pas grand-chose, 700 euros mensuels. Une fortune, à Louxor, où un employé d'hôtel en gagne 30 par mois. «Il faut savoir saisir sa chance» C'est ce qu'Ayman (1) gagnait quand il a connu sa femme. Elle séjournait à l'hôtel où il travaillait. L'air dégagé, il lisse les pans de sa galabeya bleue. Il a moins de 30 ans, son épouse plus de 50. L'âge de sa propre mère. «Mon histoire, c'est celle de tous les types ici !» En Egypte, explique-t-il, un homme se marie rarement avant 35 ans, le temps de réunir suffisamment d'argent pour avoir une maison ou un appartement, acheter le mobilier et la chabka (dot en or) pour la future épouse. Sans cela, point de mariage. Et la crise économique a rendu l'épreuve difficile. «Il faut savoir saisir sa chance, c'est ce que j'ai fait.» Ayman réfute tout argument intéressé. «Ce n'est pas une relation à sens unique. Elle m'aime pour mon physique, ma jeunesse. Moi j'aime qu'elle m'ait appris une langue étrangère, qu'elle m'ouvre l'esprit, qu'elle m'éduque, qu'elle m'apprenne l'informatique, par exemple.» Accessoirement, le jeune homme, qui ne travaille plus, apprécie d'avoir une machine à laver toute neuve et un frigo antigivre qui font l'admiration des voisins. Le mariage, avant tout un pacte social «Cela crée des jalousies. Les jeunes veulent tous suivre cette voie. Ils ne connaissent plus la valeur du travail», s'inquiète un vieil homme, soucieux de l'ampleur prise par le phénomène. A en croire certains habitants de la rive ouest de Louxor, l'argent des «old ladies» représenterait la première source de revenus à Gourna et Jazira. L'évocation d'une analogie avec la prostitution indigne. «ça n'a rien à voir !», assène-t-on sèchement. En Egypte, le mariage, loin d'être un engagement amoureux, est avant tout un pacte social et économique, une vraie entreprise, dont la finalité est plus reproductive que sentimentale. Il s'établit sur des bases financières discutées entre le père de la fiancée et le promis avant d'envisager la rédaction du contrat de mariage. «Là, c'est pareil», affirme Mahmoud avec une fausse candeur. A 18 ans, le jeune homme, rencontré sur le bac qui relie les deux rives, rêve lui aussi de trouver son étrangère. Mais n'exclut surtout pas de prendre dans la foulée une deuxième épouse égyptienne, de son âge, «pour avoir des enfants». En attendant, il aborde la moindre touriste solitaire en vue. «C'est une vraie chasse au trésor», note, amusé, un Occidental résidant à Louxor. Serrés sur les bancs du bateau, les habitants de Jazira regardent sans les voir ces couples disparates. La plupart d'entre eux sont obligés de cumuler les emplois. La viande reste exceptionnelle dans leurs assiettes. Leurs maisons, sommaires, sont plantées au bord de la route sur laquelle défilent chaque jour des milliers de touristes en cars climatisés. «Quand un Egyptien épouse une étrangère, c'est toute la famille qui en bénéficie, reprend Mahmoud. Le niveau de vie s'élève pour tout le monde.» D'ordinaire si conservatrice et pieuse, la société ferme les yeux. Personne ne pose de questions. Chacun y trouve son compte, explique-t-on avec gêne, certains vont même jusqu'à affirmer qu'en cas de mariage entre deux jeunes de la rive ouest, les parents de la promise préfèrent souvent s'assurer de la présence d'une première épouse étrangère pour assurer le confort de toute la famille. A la sortie du bac, assis à la terrasse d'une buvette, une Européenne permanentée, aux épaules cramoisies, et un jeune en galabeya claire partagent amoureusement une table. Personne autour ne semble prêter attention. A deux pas de là, une pancarte en anglais indique la présence d'un cabinet d'avocats, spécialisé dans le «droit pour étrangers». Car pour pouvoir passer du temps ensemble, à l'hôtel, ou sous le même toit, les couples doivent produire un certificat de mariage. Nombreux sont les avocats qui acceptent alors de rédiger des contrats orfis. Sans valeur réelle, ces certificats de complaisance contresignés par l'avocat affirment que le couple est marié, aux yeux de Dieu. Cela suffit pour sauver la morale : les propriétaires ou les hôteliers se contentent de ce bout de papier. Les choses se compliquent en cas de litige : le orfi n'ayant aucune valeur légale, une femme ne peut pas, par exemple, réclamer son dû en cas de séparation. A Louxor, de nombreuses histoires circulent ainsi sur des étrangères trop crédules. «Une fois plumées, elles sont rejetées par tout le monde», raconte Bernadette, qui en voit repartir, désespérées, vers leur pays d'origine. Rares sont celles qui vivent ici à l'année. La plupart d'entre elles viennent plutôt passer l'hiver au soleil, après avoir épargné pour financer la construction d'une maison, ou l'achat d'un magasin. Ainsi, le jeune homme rencontré par Vicky et Mary, les Britanniques, n'a pas caché son rêve d'avoir un jour son propre hôtel. «J'aimerais pouvoir l'aider», ajoute Mary, alors qu'il téléphone avec son portable dernier cri, cadeau d'un «ami», touriste de passage. «Tout le monde va vers l'argent facile» Selon Hamada Khalifa, propriétaire d'un hôtel sur la rive ouest, c'est l'état catastrophique de l'économie locale qui est en cause. «Louxor fait vivre toute l'Egypte avec le tourisme. Mais, localement, les gens n'en retirent pas de bénéfices. Il n'y a pas d'investissement gouvernemental, pas d'usines. L'Etat agit comme si le tourisme était une ressource suffisante.» Et de rappeler qu'à six euros l'entrée sur les sites touristiques, et à raison de 5 à 10 000 visiteurs par jour, c'est une marée d'or qui passe tous les jours sous le nez des habitants de la région. La vogue des mariages avec les étrangères âgées, dit-il, a pris de l'ampleur depuis dix ans. «La guerre du Golfe a précipité le retour des travailleurs émigrés dans le Golfe. Beaucoup d'hommes sont rentrés, ce qui a tari une source de revenus.» Parallèlement, l'Egypte a changé de cible touristique. Aux touristes individuels, sac à dos et bohème, qui visitaient le pays ont succédé les «Novotel Ladies». Différence de statut, différence de budget. L'équation est simple, la réponse aussi : «Tout le monde va vers l'argent facile», explique un chauffeur de taxi, pestant contre ces jeunes «aux belles voitures, qui fument des cigarettes étrangères et dépensent des millions pour leur maison, alors que je trime comme un âne». La nuit tombe sur Louxor. Les flots du Nil s'épaississent, bleu pétrole. Les touristes finissent leurs promenades en felouque, promettent au capitaine de revenir le lendemain. Dans les pubs à l'anglaise, en ville, des jeunes s'assoient au bar, en attendant leurs proies. Certains hôtels leur interdisent l'accès, n'acceptant que les couples déjà formés. Sur la corniche ou dans le souk, le touriste se fait interpeller. A celui qui prête l'oreille, on propose tout. Drogues, hommes, femmes, et même jeunes adolescents. «Louxor est une zone de non-droit», reconnaît un étranger. «L'endroit où celui qui veut peut faire du fric», répond un Egyptien. L'Etat, lui, préfère fermer les yeux. A Louxor, terre des pharaons, l'argent est roi. (1) Le nom a été changé. -
Conditions de circulation entre ville de Haute-Egypte
- Le 04/01/2009
Informations données par Sara du "Maxime" de Louxor : Bonjour Pascal, Il se trouve que depuis le 1er janvier tout vehicule (taxi, limousine, mini-bus) qui doit sortir de Louxor avec de touristes doit OBLIGATOIREMENT presenter un document signe de la police touristique (nom en arabe ''tasria'') comme c'est le cas depuis des annees pour revenir d'Hurghada a Louxor et pour aller d'Assouan a Abu-simbel. Ce ''tasria'' est gratuit mais bien sur contraignant pour les chauffeurs de taxi et limousine qui attrapent souvent leurs clients soit a la sortie des hotels soit en ''raccolant'' donc pour eux plus possible de sortir de la ville sans ce permis emis de preference par une agence de voyage precisant qui sont les clients, a quel hotel sejournent ils et ou vont-ils..... L'agence de transport avec laquelle je travaille ne m'a pas cachee que ce permis va bien sur devenir payant et si c'est 60le comme pour abu-simbel ajoute au prix de la course a Esna par exempe le prix pour le client double tout simplement. Je vous tiens informe. Sara -
Louxor: Disneyland-sur-Nil.
- Le 30/12/2008
10.04.2007 "Message d'Helena Zacharias, responsable du service dessin au Centre Franco-égyptien d'Etude des Temples de Karnak." Bonjour à tous, ceci est un message d'information à faire passer au plus de gens possible autour de vous. Je travaille à la mission française archéologique des temples de Karnak, en Egypte, et je suis comme mes collègues le témoin impuissant des actes de la dictature. Le gouvernement égyptien a commencé depuis quelques temps un projet de réaménagement touristique de tous les sites archéologiques du pays, projet financé entièrement par le gouvernement américain. Le gouvernement américain donne chaque année à l'Egypte une somme colossale de dollars, quelques milliards, afin qu'elle se taise dans les négociations politiques sur le Proche-Orient. Saviez-vous par exemple, que c'est le gouvernement américain qui a restauré toutes les vieilles mosquées du Caire? Et tout ce que nous ne savons pas... En ce qui concerne le gigantesque projet de site-management touristique, c'est l'armée égyptienne qui est chargée d'effectuer les travaux, destructions comme constructions. Déjà plusieurs sites ont été réaménagés, tels qu'Edfou et Dendera. C'est joli, certes, mais des quartiers entiers d'habitations sont rasés afin de construire d'immenses places dallées de marbre, vraie fournaise durant l'été égyptien, et, au pourtour, des souks et des cafétérias. Nous n'avions qu'échos lointains de ces travaux, jusqu'au jour où les pelleteuses ont débarqué à Louqsor. Les travaux sont menés par le gouverneur de la ville, ancien général d'armée, Samir Farag, avec qui il est impossible de communiquer. Nous avons cessé de nous battre, car nous avons réalisé notre impuissance face à cette terrible machine de corruption qu'est le gouvernement égyptien. La corruption met des sas entre les différents éléments de la hiérarchie, ce qui fait qu'il est impossible de remonter aux personnes responsables. Saviez-vous, pour exemple, que le ticket d'entrée du temple de Karnak est de 50 livres(~7 euros), qu'il y a en moyenne 8000 à 11000 entrées par jour, et que pas un seul centime ne va à l'entretien du temple ni à la paye des employés, tout part directement au Caire dans les poches du gouvernement. Un ouvrier du temple est payé un euro par jour... Toute la ville de Louqsor est donc en chantier. Devant la gare, il y a un panneau de présentation des travaux où il est inscrit: "We will make Luxor as an open air museum". Certes, certains réaménagements sont jolis. Mise en exergue des ravissantes mosquées, belles places, réfection de la gare et de sa rue principale, mais cela aurait du s'arrêter là! Ce qu'il est prévu est de transformer toute la ville en centre commercial, souks, restaurants et hôtels, dont tous les bénéfices iront au gouverneur. Les habitants de la ville vont être relogés dans une nouvelle cité dans le désert, près de l'aéroport "New Theba", dans des blocs en béton, loin de tout. La deuxième catastrophe est l'ouverture de la chaussée de sphinx entre le temple de Karnak et le temple de Louqsor, sur 4 km. La ville moderne est construite dessus. Qu'à cela ne tienne, ils détruisent les maisons qui les gênent. Ils ouvrent une voie large de 27 mètres, rasant sur le passage maisons, églises, mosquées, hôpital, espaces verts et... écoles!!! Pour ,construire le long de cette voie des boutiques (encore), et effectuer des trajets payants en calèche pour ces [...] de touristes. Les pauvres sphinx exhumés ressemblent plus à des moignons de patates rongés par les sels, qu'à quelque chose de figuratif. Le gouvernement met un fric fou pour construire des belles places dallées de marbre, de belles rues aux façades rénovées où passent les trajets des touristes, et il n'y a qu'à passer une rue derrière le décor, c'est le ghetto, pas toujours l'eau courante, et les ruelles boueuses et insalubres. Nous avons plusieurs fois entendu des membres du gouvernorat local traiter ces gens de "déchets à nettoyer"... La pauvreté les horripile, les pauvres gens sont traités comme de la merde à nettoyer parce que devant les touristes, pour l'image du pays, ça fait "sale" et pas présentable, alors on cache la misère comme on dit, derrière des façades repeintes(dont les Egyptiens payent la peinture à travers leurs factures d'électricité). Mais la pauvreté est maintenue par le gouvernement, qui empêche la privatisation d'entreprises (tout appartient à Moubarak, qui est propriétaire de toutes les usines) et la création d'emplois, par peur d'émergence de fortunes privées qui déstabiliseraient le gouvernement et risqueraient de donner les moyens de renverser cette dictature. Mais un fric colossal est dépensé pour créer hôtels et souks, aménager les lieux touristiques, dont je vous le rappelle les revenus vont dans les poches directement du gouvernement, et on ne met pas les moyens pour éradiquer la pauvreté et l'insalubrité des conditions de vie. Quant aux abords du temple de Karnak, la place n'est que poussière et chaos. Ils rasent tous les arbres, agrandissent le parking, développent un centre commercial monstrueux, et ont commencé à détruire les pâtés de maisons des égyptiens situées sur le pourtour de la place, y compris une école. C'est horrible, l'armée a expulsé de force les femmes et les enfants en pleurs qui hurlaient, vidé leurs maisons, et ceux qui ont chouiné sont à l'heure actuelle en prison. Dans chacune de ces belles maisons en briques crues, vivaient trois à quatre familles. Pour chaque maison détruite, ils donnent un appartement en dehors de la ville dans le désert, dans des blocs en béton, avec une seule chambre, une cuisine et une salle de bain. Et tout ça pour... Pour élargir la place devant le temple et construire un souk pour les touristes. Au début, nous courrions d'un trou à l'autre, sous les pelleteuses, dénonçant les antiquités broyées par les engins, ce qui avait effet de stopper momentanément les destructions. Nous effectuions alors des fouilles de sauvetage. Mais ils ont vite compris que travailler de nuit et mettre la terre et les débris d'antiquités directement dans les bennes des camions maintenaient la cadence des travaux. Il faut savoir que toute la ville de Louqsor est construite sur l'ancienne Thèbes de l'antiquité. Nous avons vu des scènes où des femmes et des enfants s'interposaient devant les pelleteuses pour les arrêter, et la police les emmener de force. Nous avons alerté en mai dernier l'UNESCO, qui s'est déplacé et a fait un rapport, mais n'a malheureusement pas pu entraver ce projet dont les implications financières et politiques sont énormes. Nous avons eu par ailleurs un très grand soutien de la mission archéologique américaine du Chicago Institute, basée elle aussi à Louqsor, qui a eu le courage de s'impliquer et de nous suivre dans nos démarches d'appels au secours. Mais rien n'y a fait. Sur la rive Ouest, les magnifiques villages de brique crue sont détruits à l'heure actuelle à grands coups de pelleteuses, car la plupart des maisons sont construites sur des tombes. Ces tombes constitueront un revenu supplémentaire au gouvernement. Ils vont transformer la rive Ouest en "Pharaon-land", avec des trajets balisés et gardés par la police, dont les itinéraires forcés conduiront les touristes à dépenser le plus d'argent possible. Les malheureux habitants seront eux aussi relogés dans des blocs en bétons dans le désert, au nord, très loin de leurs champs. A Louqsor, que ce soit sur la rive Est( la ville) ou la rive Ouest (la campagne), les gens vivent en majeure partie du tourisme. Les expulser dans le désert les condamne. Si j'étais un égyptien dont on avait ainsi détruit la maison, incapable de crier sous peine d'être emmené et torturé, j'attendrai patiemment que les aménagements touristiques soient terminés, et je mettrai une bombe. C'est ce qui s'est passé l'année dernière à Sharm-elècheikh, pour cette même raison, le gouvernement avait expulsé les bédouins de leurs boutiques pour en construire de nouvelles dont le profit va au gouvernement, avait dressé un mur isolant les habitants de la station balnéaire qui les faisait vivre, même scénario, et c'est ce qui arrivera encore. Parce que l'Egypte est un beau pays, parce que nous, étrangers, venons y rencontrer l'héritage d'une merveilleuse civilisation et nous en imprégner, parce que nous sommes en quête d'authentique et de traditionnel, parce que ces maisons en briques crues nous émerveillent autant que les ruines pharaoniques, parce que nous avons un coeur et une conscience, parce que nous aimons et respectons ces gens qui n'ont rien et nous reçoivent en nous offrant tout, ne cautionnons pas ces monstruosités. On ne doit pas détruire des écoles pour construire des hôtels pour les touristes! La seule chose que vous pouvez faire est de diffuser ce message, afin de sensibiliser le monde. » -
François Mitterrand et l'Egypte.
- Le 29/12/2008
François Mitterrand quitte définitivement Venise en juin 1995, où il est venu pour visiter, au Palazzo Grassi, l’exposition du centenaire de la Biennale. Il est fatigué, lit Cicéron et se repose. Six mois plus tard, Noël 1995 à Assouan, aux portes de la Nubie, à quinze jours de mourir il se repose aussi, sur la terrasse de la suite présidentielle du Old Cataract, le plus anglais des palaces égyptiens. La 237 est la chambre préférée du roi Fouad d’Egypte, de Winston Churchill, du tsar Nicolas II et de Georges Clemenceau. Juste en dessous de celle où Agatha Christie écrivit « Mort sur le Nil ». Plancher verni, lit à baldaquin monumental aux colonnades d’acajou torsadé, boiseries recouvertes d’une fine pellicule de peau de chèvre, elle communique par un salon avec la « suite Old Cataract », où logent Anne Pingeot, venue avec sa sœur, et Mazarine. André Rousselet, exécuteur testamentaire, le plus libre des amis, son épouse, la fille de celle-ci, Jean-Pierre Tarot et sa famille accompagnent l’ex-président. Le soleil de décembre brûle pour la dernière fois cet homme de 80 ans. Il le sait. Tout à l’heure, à son arrivée à l’hôtel, il a tenu, comme chaque fois, à descendre près des jardins pour voir le Nil, la voie royale des pharaons. « Comment va Abdel-Mohsen ? » a-t-il demandé au patron de l’époque du Old Cataract, Icham El-Katan. Abdel-Mohsen Attallah, 42 ans alors, ému, est accouru avec un verre de karkadé, un jus rouge d’hibiscus, excellent pour la circulation du sang. Puis François Mitterrand est monté dans sa suite par le lent ascenseur. Sur la terrasse on a installé un rocking-chair. En dehors d’une balade de deux-trois heures sur le Nil avec déjeuner à bord de l’embarcation à moteur, il ne quitte pas cette terrasse des trois jours, en face des dieux morts de l’île Eléphantine. Au stylo à plume, il travaille son livre sur l’Allemagne, lit en alternance une œuvre contemporaine et un livre ancien. Il ne reverra pas Philae, consacrée à la déesse Isis, sur l’île d’Agilkia, qui signifie l’île de la fin. Autour de lui, chacun vit comme si de rien n’était. Ce ne sont pas des vacances de deuil. Ultime coquetterie, il refuse en plaisantant qu’on le photographie sur le rocking-chair. « Cela rappellerait trop Kennedy !» Tous les repas se prennent là-haut. Crème de lentilles, poisson grillé, crêpe Suzette. Détaché à son service et fier de l’être, Abdel-Mohsen porte les plats. Il reste même dans l’hôtel la nuit, au cas où « Monsieur François » aurait besoin de quelque chose. Amin, l’un des douze jardiniers, change tous les jours les bouquets orientaux de la suite. Cette année, « Monsieur François » n’ira pas lui parler de graines, de plantes, d’arbres, ni le regarder en silence tailler ses fleurs, courbé sous un palmier, comme il avait coutume de le faire avant, se souvient Didier-Marie Ravassard, directeur délégué qui supervise les opérations spéciales et les voyages officiels pour le groupe Accor, propriétaire de l’hôtel. Avant. C’est lorsque François Mitterrand pouvait marcher. La souffrance morale de n’en être plus capable, la souffrance de ne pas voir progresser Mazarine dans ses études l’emporte sur celle, physique, atroce mais pour lui secondaire. Il regarde passer les felouques, écoute les chants des Nubiens qui les mènent. Il fixe le mausolée de l’Aga Khan, en marbre de Carrare, ultime demeure des chefs des ismaéliens qui se détache sur la crête de dune. Son altesse la bégum Aga Khan III, Yvette Labrousse, Miss France 1930, déposera chaque jour une rose sur la tombe de son mari jusqu’à son décès, en l’an 2000. François Mitterrand se demande-t-il quelle femme en fera autant à Jarnac ? Comme chaque soir, juste à la tombée du soleil, il s’émerveille du vol groupé de centaines d’oies sauvages qui descendent des marécages de Kom-Ombo au nord d’Assouan chasser les poissons qui remontent prendre l’air à la surface du barrage. Repues, elles repassent à l’horizon quelques minutes plus tard. Le 29 décembre, c’est le départ pour l’aéroport où l’attend le jet privé que lui prête Hosni Moubarak, le président égyptien. Un départ inoubliable pour le personnel réuni dans le hall. Une vacillante signature sur le livre d’or, près de laquelle l’encre aujourd’hui a fait une tache, larme d’Hubert Védrine lorsqu’il la vit il y a trois ans. Découvrant la suite présidentielle en 1997, Roger Hanin pleura lui aussi. D’Egypte, François Mitterrand rapportera les grandes forces architecturales. La pyramide du Louvre en mémoire des morts. La Très Grande Bibliothèque, inspirée d’Alexandrie, pour la mémoire des vivants. Depuis des années, Hosni Moubarak met à sa disposition sa maison d’hôtes d’Assouan, où Begin et Sadate eurent leurs premiers entretiens en 1978. Mais il voyage aussi en dehors d’Assouan. Il écoute la messe de minuit en décembre 1987 au monastère Sainte-Catherine, un monde de pierre et de silence, au pied du mont Moïse où le Prophète reçut les tables de la Loi pendant l’Exode. Avec Robert Badinter, le lendemain matin à 6 heures, ils partent à dos de chameau sur le Sinaï. Celui de Mitterrand est teigneux, il crache de rage sur tout ce qui passe alentour. La veille, en vain, son ami a tenté de le dissuader d’escalader, à 71 ans, deux heures durant, les marches hautes taillées dans le granit. Un médecin l’accompagne, deux ou trois gendarmes français en civil portent le pique-nique. Le petit groupe est dépassé par des touristes espagnols qui encouragent le président. Il reprend son souffle toutes les demi-heures. Au sommet, il demande à Robert Badinter de le laisser seul quelques instants. « A l’écart, je le voyais pensif, le regard au loin, se souvient l’ancien ministre de la Justice. Il avait le visage creusé des jours de décision, j’ai compris à ce moment-là qu’il se représenterait pour un second mandat. Il venait de faire son test d’endurance. » Sur le chemin du retour, ils parlent du destin de Moïse, prince égyptien, selon Mitterrand, plutôt que prophète, qui conduit son peuple en Terre promise sans y entrer lui-même. « François Mitterrand connaissait les tombes de chaque pharaon, se souvient Hosni Moubarak. L’histoire de leur règne, leur dynastie, leur lignée. Il savait les derniers chantiers d’excavation. Se passionnait pour les rites funéraires de l’Egypte ancienne et les croyances des pharaons. » Une année, ils descendent ensemble le Nil entre Louxor et Assouan. Deux jours de bateau. « Au bout de vingt-quatre heures, il m’a dit : “Poursuivons en voiture.” Il a voulu s’arrêter dans un village, il a frappé à la porte d’une maison de fermiers. “Puis-je entrer ?” Les gens ont allumé leur four, ils ont fait cuire du pain et préparé toutes sortes de plats. Tout le village était là, réuni autour de lui. » Cette balade sur le Nil, François Mitterrand la fait aussi avec Robert et Elisabeth Badinter, à bord d’une vedette de douaniers, très simple, aménagée de quelques couchettes, que leur prête Hosni Moubarak. Ses amis sont stupéfaits par la fascination constante qu’exercent sur lui les sépultures, les sculptures de morts, les tombeaux. Partout on s’arrête. «Il y a là un joli gisant», disait-il. Au cours de ces voyages, on bavarde de mille choses, on rit aussi beaucoup. «Des jours heureux, des jours d’amitié», évoque Robert Badinter. En Egypte, comme à Venise, François Mitterrand écrit et lit. Il est très tôt sur le pont, au lever des flamants roses. Il a tous les jours ce rendez-vous avec l’aube, et se repose d’un paysage entre vie et mort. 1. «Le vieil homme et la mort », de Franz-Olivier Giesbert, éd. Gallimard. Auteur : Arnaud Bizot -
Land for sale near the Nile
- Le 23/12/2008
We, Nile Valley, have a new project. We have land on the banks of the Nile near el Qurna. It is located in a green and quiet area only 7 km from Bairat, The plan is to make a Nile Valley Village. Everybody can buy land and build as they want,bungalow, apartment or villa. We plan to build some apartments in Hassan Fathi style (mud brick) The plan is to have a courtesy bus to and from Nile Valley hotel, a motorboat to cross to Luxor, a small supermarket and even a cafe-restaurant terrace. -
Bonnes fêtes de fin d'année !!
- Le 22/12/2008
Mohamed et Pascal vous souhaitent un joyeux Noël et une heureuse nouvelle année 2009 !!!