Les Abd el Rassoul, trouveurs de tombes à Gournah sur la rive Ouest de Louxor.
La DB 320 : cachette des momies royales !
Pour certains, les Abd el Rassoul sont une grande et vieille famille très respectée à Gournah, sur la rive ouest de Louxor. Pour beaucoup d'autres, c'est un "clan" dont le nom est clairement associé au qualificatif de "pilleurs de tombes". Il semble important de raconter comment, à leur manière, d'une façon très "détournée", cette famille a participé à l'histoire de l'égyptologie. Sans eux, cette "cachette des momies royales" aurait-elle été découverte ? Sans eux, quelles chances avions-nous de connaître la momie - et par là même le visage - du grand Ramsès ? Sans eux, quelles probabilités avions-nous d'appréhender l'histoire de ces "momies errantes", transportées de tombe en tombe pour éviter la profanation dans les périodes troublées de la XXIe dynastie ? Sans eux, aurions-nous pu contempler toutes les merveilles entassées dans les salles 46 et 47 du musée du Caire ?
Gournah aux XVIIIe XIXe siècles
Gournah se situe sur la rive ouest de Louxor, au delà des terres cultivables, là où commence le désert. Des maisons accrochées à la montagne thébaine, des habitants qui vivent sur et dans les tombes des nobles. Un emplacement au cœur de la nécropole : face aux temples des millions d'années, à côté des vallées des reines et des artisans, c'est aussi le passage "obligé" pour se rendre à la vallée des rois. La réputation du lieu, à cette époque, c'est le moins que l'on puisse dire, n'est pas bonne. Voici ce que rapporte Richard Pococke qui s'y rendit en 1743 "cette vallée est le refuge des rois et des voleurs". En 1769, James Bruce parle "de malfaiteurs hors la loi". Les savants de Napoléon, à leur arrivée, furent également accueillis à coup de carabine par les "brigands thébains". En 1830, alors qu'ils explorent les hypogées de Biban el Moulouk, Champollion et ses "argonautes" réussiront cependant à s'installer à "Kourna" dans un "palais de boue séchée" avant d'élire domicile dans les tombes ramessides.
Les Abd el Rassoul, qui "descendent en droite ligne des guerriers Horabat", habitent là. Leur maison est située dans l'axe de la grande colonnade du Ramasseum, à flanc de colline, non loin de celle de Wilkinson. Charles Wilbour, américain passionné d'antiquités, qui viendra à plusieurs reprises - notamment pour négocier l'achat de papyrus -, calligraphiera pour eux cette pancarte "La nouvelle maison blanche, propriété des Abd el Rassoul".
Dans de nombreux ouvrages on peut lire qu'elle est supposée être construite sur la tombe attribuée à la famille de Pinedjem Ier, un important prêtre d'Amon de la XXIe dynastie.
1871 : la découverte de la cachette des momies
L'histoire de la découverte de la cachette des momies royales a été racontée, embellie, ou dramatisée au fil des années et des narrateurs. Difficile de restituer une juste vérité et de faire la part des choses entre les différents récits sur ce sujet …
L'histoire débute derrière le cirque rocheux de Deir el Bahari : Mohamed, Ahmed, Hussein et Soliman, quatre frères de la famille Abd el Rassoul, cherchent l'une de leurs chèvres égarée ou selon une autre version, chassent le chacal. Ils trouvent un orifice dans le rocher de Chaak el Tablyah. Un caillou lancé retombe très loin. Nul doute : une tombe ! Une corde et les voilà descendant dans les entrailles de la montagne. A la lueur de bougies, ils découvrent des trésors, empilés pêle mêle : momies, sarcophages, papyrus, vases d'albâtre, ouchebtis, … déposés là à la hâte. Ils décident de sceller ce secret, de n'en rien dire. Pendant 10 ans, ils ne s'y rendent que lorsqu'un pressant besoin d'argent se fait ressentir et écoulent des pièces de façon très irrégulière.
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