Georges Legrain

Georges legrain

Karnak était sa maison

Georges Legrain

Georges Legrain, fils d'un ouvrier typographe, est né à Paris le 4 octobre 1865. De 1883 à 1890, il est élève aux Beaux-Arts, fréquente l'atelier du peintre Jean-Léon Gérôme, l'École du Louvre, la Sorbonne et le Collège de France. Après avoir soutenu une thèse sur l'étude d'un papyrus en démotique, il part pour l'Égypte en 1892 en tant que membre de l'École du au Caire. Il prend part à de nombreuses fouilles à Assouan, Kom Ombo, Dahchour, ainsi qu'au Gebel el-Silsila.
En 1895, Jacques de Morgan, directeur du service des antiquités, le nomme à la "Direction des travaux de Karnak" qu'il vient de créer (devenu CFEETK*).
Georges Legrain devient alors "l'homme de Karnak" comme Pierre Montet a été l'homme de Tanis ou Jean-Philippe Lauer l'homme de Saqqarah.

Pendant 22 ans, de 1895 à 1917, il se consacre aux temples de Karnak. Il devient chef de chantier, ingénieur, architecte, déblayant ici, excavant là, remontant colonnes et piliers, assainissant, consolidant, mettant à jour des pans entiers d'histoire.
Maspero parle en ces termes des travaux de Legrain : "Si Ramsès II revenait inspecter les travaux qui s'exécutent en ce moment à Karnak, il pourrait s'imaginer d'abord que rien n'est changé dans son Égypte. (...) Il faudrait pourtant qu'il n'y regardât pas de trop près, ni qu'il essayât de régler la manœuvre ; ses ordres, énoncés en égyptien excellent, du moins j'aime à le croire, ne diraient rien à nos contremaîtres, et M. Legrain, qui dirige la besogne en jaquette grise et en casque de liège forme champignon, ne lui rappellerait en aucune façon feu le grand-prêtre d'Amonrâ, roi des dieux." ("Ruines et Paysages d'Égypte", en date du 24 janvier 1901).

Dans l'œuvre considérable qu'il mène, aidé d'une centaine d'ouvriers seulement, il connaît de lourdes épreuves mais aussi de grandes satisfactions.
En 1899, dans un bruit assourdissant qui sème la terreur des lieues à la ronde, 11 colonnes de la salle hypostyle s'effondrent... Il cherche méthodiquement les raisons et les causes de ce drame afin de pouvoir les neutraliser. Puis, courageusement, il s'emploie à relever les colonnes, à les consolider et à les stabiliser.

Salle Hypostyle de Karnak en travaux


En 1903, il découvre, au nord-ouest de la cour du VIIe pylône, ce qui est connu comme "La cachette de Karnak". "Pendant un an et huit mois, nous avons pêché des statues dans le temple de Karnak... Sept cents monuments en pierre ont déjà sorti de l'eau, et nous ne sommes pas encore à la fin", rapporte Gaston Maspero en 1905. Le chantier se poursuit jusqu'en 1907 et, au total, ce sont plus de 700 statues, 17.000 bronzes et de nombreux autres objets qui sont mis à jour. La plupart des objets rejoignirent le Musée du Caire.
C'est en 1907 que Georges Legrain fait, près du lac sacré, une autre découverte extraordinaire : le magnifique scarabée en granit rose d'Aménophis III.

n janvier 1912, l'illustre compositeur français, Camille Saint-Saens guidé l'égyptologue Georges Legrain photographié ici devant le Scarabée géant en granit rose de Karnak découvert en février 1873 devant le Vicomte de Vogüé.

En janvier 1912, l'illustre compositeur français, Camille Saint-Saens guidé l'égyptologue Georges Legrain photographié ici devant le Scarabée géant en granit rose de Karnak découvert en février 1873 devant le Vicomte de Vogüé.

Il a fait construire une maison à Karnak, annexée à la cour ouest du temple. Passionné de photographie (c'est d'ailleurs lui qui conseillera, en 1907, au service des antiquités de racheter le fonds photographique Beato), il y a établi un studio. La majeure partie de ses clichés a disparu, mais ceux qui restent ont été réunis et répertoriés ; ils constituent un riche témoignage de ses travaux et découvertes et ont fait l'objet d'une intéressante publication.
En 2006, la destruction de sa maison - afin de dégager l'esplanade et le panorama - a été fortement controversée, la proposition des égyptologues français de la transformer en un centre de sensibilisation archéologique n'ayant malheureusement pas été entendue.
Georges Legrain s'est éteint le 22 août 1917 à Louqsor. Il a été inhumé au Caire.
Il est difficile de comprendre pourquoi sa notoriété n'est pas plus grande aujourd'hui et pourquoi son nom est resté presque "confidentiel" alors qu'il a tant fait.
Comment terminer cet hommage sans citer cette merveilleuse phrase qui témoigne de la profonde passion qui l'animait : "J'ai pour Karnak une affection toute bête, celle qu'on a pour les enfants (...). On les voit autrement qu'ils ne sont réellement - beaux et bien portants."

* Centre franco-égyptien d'étude des temples de Karnak

Marie Grillot Marie Grillot

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