Christian Leblanc – Egyptologue
"En Egypte, on est à l'échelle de l'éternité»
Son domaine est celui des morts, son temps est l'éternité, ce qui lui donne une certaine sérénité. Sur la rive ouest du Nil, face à Louxor, l'égyptologue Christian Leblanc règne sur le mystérieux domaine de l'antique Thèbes, où sont nichés les tombes des rois et des reines, et les «temples de millions d'années». Il est l'incarnation d'une égyptologie en pleine mutation. Ici, on fouille, on creuse, on recherche les témoins du passé avec une obstination de fourmis. On préserve aussi, on valorise, on restaure... Et c'est une nouvelle Egypte ancienne qui sort des sables et livre de nouveaux secrets. Christian Leblanc, qui l'aime au point de lui consacrer toute sa vie, en est persuadé: cette Egypte-là nous en apprend autant sur nous-mêmes que sur le passé. IFAO
Interview par Dominique Simonnet, le 15/12/2003 – L’Express.
Chaque fois que l'on vous rend visite sur vos chantiers de fouille, à Louxor, on est stupéfait par l'incroyable activité qui y règne, par les découvertes, les progrès réalisés chaque année. Comme si l'égyptologie, que l'on croit souvent confite dans ses musées, était en pleine évolution.
Elle l'est. L'égyptologie dispose désormais de nouveaux outils, de nouvelles méthodes, de nouveaux sujets d'étude. Elle a beaucoup évolué depuis le temps des premiers explorateurs. Après l'expédition de Bonaparte, puis la découverte des hiéroglyphes, en 1822, la tâche des premiers égyptologues fut d'abord de dégager les temples, de retrouver les tombes enfouies dans les sables depuis des milliers d'années. C'était un travail colossal, qui a occupé des générations et des générations de chercheurs. Puis on a créé le Service des antiquités, en 1858. De nouvelles lois allaient alors régir l'égyptologie et mettre progressivement fin aux fouilles sauvages et rapides, menées parfois par des amateurs en quête de trésors. Mais ce n'est, en fait, que beaucoup plus tard que les mentalités ont changé, lorsqu'en 1960 le monde a appris que les temples de Nubie, dont ceux d'Abou-Simbel, risquaient d'être engloutis par la construction du barrage que Nasser faisait ériger sur le Nil. On a alors compris que l'héritage laissé par cette civilisation était une parcelle de l'histoire de l'humanité qui appartenait à la planète tout entière, et qu'il fallait s'associer pour le sauvegarder.
C'est d'ailleurs ce qui vous a décidé à devenir égyptologue.
J'avais 12 ans cette année-là, j'étudiais l'Egypte ancienne en sixième. Un soir, j'ai entendu à la télévision le discours de Malraux retransmis de l'Unesco: les monuments de Nubie étaient condamnés, disait-il, si les nations du monde n'intervenaient pas. Je ne pouvais pas y croire. Le lendemain, j'ai fait la quête au collège pour envoyer de l'argent à l'Unesco. Surprise: le directeur général de cet organisme m'a répondu pour me remercier. Ensuite, j'ai écrit à Nasser...
A 12 ans ?
Oui. J'ai également entamé une correspondance avec les grands égyptologues de l'époque qui, tous, m'ont envoyé des lettres d'encouragement. Dès lors, je n'ai plus voulu qu'une chose: apprendre et apprendre encore sur cette merveilleuse civilisation. A 18 ans, je suis allé pour la première fois en Egypte, sans connaître un mot d'arabe. Ce fut une révélation: tous ces monuments que je connaissais par les livres et les photos, je les voyais vraiment...
Et vous travaillez maintenant en Egypte depuis vingt-huit ans. En quoi la science a-t-elle tant changé?
Aujourd'hui, l'égyptologie est pluridisciplinaire. Elle fait appel à des historiens, des anthropologues, géologues, archéobotanistes, archéozoologues (on étudie jusqu'aux végétaux et ossements d'animaux retrouvés dans les cuisines d'un temple), ingénieurs, architectes, informaticiens, restaurateurs, tailleurs de pierre... Les techniques ont progressé: des radars peuvent être utilisés pour certaines fouilles, des scanners peuvent restituer des ensembles monumentaux avec leur décor, leurs textes hiéroglyphiques, et modéliser, en fonction des époques, l'évolution architecturale d'un temple. Tout cela nous permet de travailler beaucoup plus rapidement qu'autrefois et de nous intéresser à d'autres aspects de l'Egypte ancienne. Pendant longtemps, on a étudié ses rouages officiels, qui étaient les plus accessibles, ce qui a permis de donner un cadre à la civilisation. Mais, petit à petit, on s'est orienté vers d'autres facettes de la société égyptienne: son administration, son économie, ses coutumes, ses lois. C'est cela, le nouveau trésor des archéologues. Nombre d'idées reçues sont ainsi en train de disparaître.
Commentaires
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- 1. Jean-François RAFFIN Le 30/12/2019
bonjour à tous, je viens de regarder un reportage TV dans lequel mon ancien camarade de classe à Champignol, Christian Leblanc était interviewé. J'aurais grand plaisir de reprendre contact avec lui, aussi auriez-vous l'amabilité de lui transmettre ce message?
grand merci
J-F R-
- Pascal PELLETIERLe 31/12/2019
Bonjour, j'ai transféré votre message à Christian Leblanc. Amicalement Pascal
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- 2. Pascal Pelletier Le 27/11/2018
Bonsoir Raphael,
J'ai transféré votre message à Christian Leblanc.
Pour information je suis membre du bureau de l'Association pour la Sauvegarde du Ramesseum présidé par Christian Leblanc.
Le site internet : asramesseum.org
Bonne soirée
Cordialement
Pascal Pelletier -
- 3. ROLLOT RAPHAEL Le 27/11/2018
Bonjour Monsieur Leblanc,
Je suis en classe de 1S et je fait un TPE sur la conservation des corps en egypte antique.
C'est pourquoi je souhaitait vous poser quelques questions, pour apporter votre connaissance a mon TPE. Je pourrait vous poser ces questions par mail ou par téléphone si vous préférer.
J'attend avec impatience votre réponse et vous d'agréer monsieur mes plus sincères salutations. -
- 4. Philippe Lheureux Le 01/08/2018
Bonjour , je recherche un ou une égyptologue susceptible d'être intéressé par mes recherches concernant l'architecture interne de la grande pyramide.
Voir https://youtu.be/4YK7udMGkX0
Cordialement
Philippe Lheureux -
- 5. LEBEAU Marie Le 09/06/2018
Ce message est destiné à Mr Christian LEBLANC:
Je suis la présidente de l'Associations Les Amis de CHAMPOLLION à TROYES dans l'Aube.
Je souhaiterais savoir si cela vous ferait plaisir de venir nous faire une conférence , dans la ville de TROYES.
Votre thème serait le nôtre , vous ne pourrez que nous intéresser.
Au plaisir de vous lire
bien cordialement
Marie LEBEAU
Présidente de l'association les Amis de CHAMPOLLION -
- 6. eric zak Le 04/12/2016
Bonjour Mohamed,
comment allez vous et la famille?
vous aurez peut être un autre egyptologue comme ami puisqu' hier nous étions au Louvre et Antoine veut rentrer
faire ces études à l'école du Louvre dès septembre 2017 , si bien sûr il obtient son Bac et les tests probatoires pour être admis à l'école du Louvre.Je pense qu'il serait très heureux de revenir à Luxor et pourquoi pas faire des stages en Egypte ,pourquoi pas.
On vous embrasse les zakidou -
- 7. verlinden chloé Le 02/01/2013
bonjour monsieur,
je suis une élève en sixième humanité. pour cette dernière année, nous devons faire un travail de fin d 'étude. mon sujet est les rites funéraires dans l’Égypte ancienne. Pourriez vous m'aider en m'envoyant de la documentation sur ce sujet, s'il vous plait.
je vous en remercie d'avance.
je vous prier d'agréer monsieur mes salutations.
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