Ouseramon et Rekhmirê Vizirs du sud.
VIZIR !
Ce titre laisse libre cours à l' imagination
Homme riche et puissant, vivant dans le sillage des seigneurs orientaux, et parfois animé de funestes desseins. Qui ne connaît IZNOGOUD, dont l' unique désir est de devenir "calife à la place du calife" ?
Mais les vizirs objets de cet article sont loin de Bagdad, et vouent leur existence à Pharaon et son empire.
Second personnage du royaume immédiatement après Pharaon, le Vizir peut être considéré comme un super premier ministre. Le Vizirat est parfois, selon les époques, réparti entre deux hommes, l' un pour le nord, l' autre pour le sud. Ouseramon et Rekhmirê sont Vizirs du sud.
Ouseramon débute sa carrière en l' an V de Thoutmosis III, soit aux environs de 1474 A.C., le premier jour du premier mois d'Akhet (selon les indications d' un papyrus, copie ramesside de l' original datant de Thoutmosis III exposée au musée de Turin.
Il a de qui tenir : papa (Ahmes Aametjou) était déjà Vizir sous Thoutmosis Ier. Toutefois, la charge n' est pas systématiquement héréditaire : Rekhmirê est le neveu d' Ouseramon, le mérite prime donc sur la filiation.
Les textes figurant dans les tombes de ces dignitaires nous décrivent la nomination et l' intronisation du Vizir, ainsi que les détails de leurs charges.
Voici ce que nous apprend Ouseramon :
Pharaon demande aux courtisans réunis de trouver le Vizir idéal devant succéder à Aametjou. Suit la description du poste (on se croirait chez le DRH). Spontanément (?), les courtisans proposent Ouseramon, ce qui est accepté par Thoutmosis III. Le nouveau Vizir est alors acclamé par l' assistance.
Prudent, Aametjou avait préparé son fils à exercer ses nouvelles responsabilités. Il lui rappelle que Mâât le guidera et que :
"Rempart contre le mal, tu agiras en toute justice et parleras avec fermeté"
Sur la stèle d' Uriage (Musée de Grenoble), provenant de la tombe d' Ouseramon, notre Vizir reconnaît que, simple prêtre Ouab (donc au bas de la hiérarchie) :
"J'ai bénéficié d'un avancement, et ma situation a été excellente, ayant été investi de cette fonction éminente de Maire de la Ville et Vizir"
Rekhmirê, lui, est vizir sous le règne autonome de Thoutmosis III ( soit vers l'an 32). Il succède à son oncle, et sera reconduit sous Amenophis II. Il est le fils de Neferouben, prêtre Ouab d'Amon, lui même fils d'Aametjou.
AAMETJOU
/ \
OUSERAMON NEFEROUBEN
REKHMIRE
Chez Rekhmirê sont également reproduites sa nomination et l' attribution de sa charge.
La modestie n' étouffe pas le nouveau promu :
"Je suis le deuxième après le roi !"
(en oubliant qu' il partage le rang avec le Vizir du Nord..)
Et encore :
"Ma bouche est du natron !"
(allusion à la pureté de sa parole).
La nomination prononcée, Pharaon repart en palanquin, accompagné d' une escorte de dignitaires, de l' armée, de musiciens, et le nouveau Vizir le suit jusqu'au Temple d'Amon, pour l' intronisation officielle. Le roi prononce un discours, lui remet les insignes de sa fonction, et lui rappelle ses devoirs.
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